ateliers d'écriture sur le thème de la tenue de travail, menés à Saint-Brieuc en septembre et octobre 2012
(les glaneuses détournées sont de Banksy)

vendredi 5 octobre 2012

C'était / être(s) dans la foule,1er exercice



















C’était voir arriver un nouveau, jeune diplômé, en costume, bien rasé, bien coiffé, timide, volontaire, et savoir que, petit à petit, il ferait tomber la cravate, puis le costume, et prendrait autant de pauses café que nous.

Joachim Séné, C'était


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Pour cet atelier, proposé au lycée Jean Moulin comme au Conseil Général, j'ai demandé aux participants de s'imaginer dans la peau d'un homme ou d'une femme travaillant dans un bureau, plus exactement dans un open space situé dans une grande ville.
Pour cela, je me suis appuyée sur un texte de Joachim Séné intitulé C'était, paru tout d'abord en numérique aux éditions publie.net puis, récemment, aux éditions publie papier.  
De Joachim Séné, dont voici le site, on peut également lire Sans, autre texte paru sous format numérique et lié au travail.

Voici ce que dit l'écrivain et éditeur François Bon de C'était pour le présenter : 

"Informaticien, Joachim Séné décide de quitter son travail pour écrire. Mais les fantômes sont coriaces – chaque c’était, en tête de chaque paragraphe, ira harponner à rebours un des éléments de l’ancienne vie salariée, la vie moderne des bureaux d’aujourd’hui, et leur informatique.

Condition moderne du travail : au coeur de la capitale, en vue de la Tour Eiffel, avec la pause clope sur le trottoir et les touillettes de la machine à café. Et pas un travail aux mains noires : le code, les bases de données.
Une expérience formelle dérangeante, la netteté de ce qu’on voit, l’abstraction du monde, le quotidien du corps et des paroles, les chefs et le retour chez soi.
Mais à l’inverse, qu’il nous accorde de découvrir, dans ces 53 semaines en 5 fragments, sans jamais dire "je", une mise en écriture résolue, politique et tout aussi coriace, du nouveau visage du monde du travail et des écrans.
Les textes de littérature qui ont le mieux honoré les contradictions propres au monde du travail, et ce qui y émerge de notre humanité nue, sont ceux qui ne poursuivaient pas le travail lui-même, mais bien leur seul principe littéraire. Ce n’est pas l’open space et les écrans qui nous feront rêver ici, c’est l’aventure renouvelée du roman, à échelle des êtres – même si parfois, pour cet instant, pour cette silhouette, cinq lignes suffisent."


Je me suis servie de cette particularité du texte de Joachim Séné (parler d'un soi qui n'est pas entièrement soi en commençant toutes les phrases par C'était et en ne disant jamais je) pour en tirer deux exercices. 
Pour être plus précise, j'en ai proposé un à tous les participants, que je vais détailler ci-dessous, et un second aux seuls lycéens de Jean Moulin, que je vois plus longuement. Tous les textes des lycéens seront intégrés sous la consigne, à venir, du second exercice. En effet, il est lié au premier et il m'a paru plus judicieux de les réunir dans un seul ensemble.

Voici  donc, pour commencer, la consigne du premier exercice :

Choisissez d'être un homme ou une femme qui se rend le matin au bureau et se retrouve bientôt noyé dans une foule d'autres travailleurs habillés de la même façon, empruntant le même chemin. Tous se dirigent vers un ensemble de tours et utilisent les transports en commun. En vous inspirant de la contrainte d'écriture de Joachim Séné (ne pas dire je, commencer les phrases par C'était, se servir de verbes à l'infinitif), décrivez ce passage vers la vie de bureau en essayant (par un détail lié à la tenue, à la façon de marcher, aux pensées de cet homme ou de cette femme...) de particulariser ce personnage, de le rendre un peu différent des autres. N'oubliez pas que c'est lui, ou elle, qui parle. 

Ci-dessous les textes des participants aux ateliers du Conseil général.

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