ateliers d'écriture sur le thème de la tenue de travail, menés à Saint-Brieuc en septembre et octobre 2012
(les glaneuses détournées sont de Banksy)

vendredi 5 octobre 2012

C'était...


C'était la sonnerie du radio-réveil qu'on éteint et qui se rallume à intervalles réguliers, jusqu'à la satisfaction de voir sa carcasse fatiguée du week-end se lever avec peine.

C'était le bol à pois rouges, un peu ébréché, d'où s'échappait la fumée rassurante d'une chicorée à peine sucrée.

C'était le passage éclair dans la salle de bain à la lumière blafarde, la douche à peine tiède.

C'était vérifier avant de partir rejoindre les habitués de la ligne B du RER que les dernières paillettes avaient bien été avalées par le siphon.

C'était poser ses fesses sur un strapontin à peine ouvert et se fondre dans la masse des costumes-cravattes monotones.

C'était glisser sa main dans sa poche pour être bien sûr de n'avoir pas oublier son badge à peine usé par quelques mois de "bip bip" à la porte de l'entreprise d'import-export.

C'était se glisser dans un bureau à peine grand comme un wagon de RER et saluer les trois collègues qui partageaient ce quotidien de chiffres et de données.

C'était, avant de se plonger dans les tâches répétitives qui n'allaient pas manquer d'arriver, glisser sa main dans l'autre poche et sentir le petit bout de mousse rouge qui transformait chaque week-end l'homme de bureau en Monsieur Chocolat, clown de son état.

C'était un regard amusé, à peine dissimulé, de ses trois collègues sur ses drôles de chaussures, seul indice visible de sa drôle de vie.

Agnès

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